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Scène III

ALAIN, puis RONCHAUD.
ALAIN.

Voici l’ennemi. Tiens ! Je me sens un peu plus ferme et plus gaillard. (Se levant.) Monsieur Ronchaud ! Monsieur Ronchaud, j’allais justement vous écrire… (Ronchaud prend un air sévère. Alain avec hâte.) J’ai l’argent, monsieur Ronchaud, j’ai l’argent. Tranquillisez-vous. C’était seulement pour vous prier de vouloir bien attendre deux ou trois jours.

RONCHAUD.

J’ai déjà trop attendu. Il me faut mon argent immédiatement.

ALAIN.

Mais puisque je vous dis que j’ai l’argent !

RONCHAUD.

Eh bien ! donnez-le ! Voici le billet que vous m’avez signé.

ALAIN.

Écoutez, monsieur Ronchaud. Un ami est venu tout à l’heure. J’avais les dix mille francs sur cette table, tout préparés pour vous les donner. Je les vois encore : cinq billets de mille, dix de cinq cents, qui faisaient encore cinq mille. Ça faisait donc dix mille en tout. Cet ami dont je vous parle, qui est un camarade d’enfance, et que je chéris tout particulièrement pour des raisons qu’il serait trop long de vous exposer, cet ami m’a demandé les dix mille francs pour une dette d’honneur. Voyons. Pouvais-je refuser ? Qu’auriez-vous fait à ma place ?