Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vagues tristesses… Va te faire fiche ! Il n’y a pas de lecture pour les jours d’échéance… Quelle lacune !

FRANCINE, à la fenêtre.

Une voiture… La dame du troisième. Ce calme ! Elle n’a pas l’air de se douter que nous sommes le 15 février.

ALAIN.

Regarde-moi le pharmacien, là, en face. Regarde-moi cet air de tranquillité sur ce hideux visage. Il est là à causer paisiblement, cyniquement, avec cette crapule de mercier, cette sombre crapule de mercier !

FRANCINE.

Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

ALAIN.

Il m’a fait que je lui souhaite une bonne faillite pour avoir l’air insolemment gai, quand son prochain a des échéances. Et sais-tu ce que je souhaite au pharmacien, le sais-tu ?

FRANCINE.

Méchant ! Qu’est-ce que tu lui souhaites ?

ALAIN.

Je lui souhaite d’être poursuivi en correctionnelle, pour avoir vendu des toxiques sans ordonnance.

FRANCINE, vivement.

Ce n’est pas Ronchaud qui vient là-bas ?

ALAIN.

Tu me donnes des coups dans le cœur. Non, ce n’est pas lui. C’est curieux ! Voilà deux jours que je l’attends venir avec impatience. J’ai répété dix fois ce que j’avais à lui dire. Je lui ai parlé très fermement