Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il aurait son argent dans six mois, et même, ajoutai-je, très probablement avant.

FRANCINE.

Et deux jours avant l’échéance ?

ALAIN.

Non, Francine, un jour seulement. Plus la démarche est pénible, plus je la retarde. J’allai trouver Ronchaud la veille de l’échéance, et je lui dis qu’il se passait une chose stupéfiante…

FRANCINE.

Une chose stupéfiante ?

ALAIN.

Oui : je n’avais pas l’argent. Je t’assure que j’étais très sincèrement stupéfait.

FRANCINE.

Je te vois.

ALAIN.

Mais j’ajoutai que ces fonds allaient venir d’un instant à l’autre. Que te dirai-je ? J’obtins encore des renouvellements de mois en mois, puis de quinze jours en quinze jours.

FRANCINE.

Et à ta dernière entrevue, il t’a paru intraitable ?

ALAIN.

Intraitable. Cette fois-ci, c’est la fin des fins. Je le connais, mon Ronchaud. Il n’y a plus à compter sur rien.

FRANCINE.

Il a dit qu’il viendrait à deux heures ?