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FRANCINE.

Pour le Louvre ? Je rendrai un petit objet quelconque, un encrier de poche, ou un presse-citrons, et je dirai au garçon de repasser avec la facture rectifiée.

ALAIN.

Ces petites dettes n’ont rien d’inquiétant. Le grave, le terrible, c’est les dix mille francs qu’il va falloir rendre à Ronchaud. Je n’ai que vingt-cinq francs cinquante.

FRANCINE.

Et dire que tu ne m’en as parlé que la semaine dernière ! Depuis combien de temps les as-tu empruntés ?

ALAIN.

Depuis deux ans exactement. Tiens ! un mois après que papa s’est remarié. Il venait de repartir au Brésil.

FRANCINE.

Il t’avait pourtant laissé de l’argent en s’en allant ?

ALAIN.

Quelques milliers de francs qui m’ont servi à solder un arriéré, dont je n’avais jamais parlé à personne. Depuis, je n’ai pas gagné ce que j’espérais. Grand’mère m’a aidé un peu. Maintenant elle ne veut plus rien savoir.

FRANCINE.

Elle ne te pardonne pas de m’avoir épousée sans dot.

ALAIN.

Ce n’est pas ça. Elle-même n’a pas d’argent. Elle n’a que sa propriété de Bourgogne, qui lui rapporte quelques sous pour vivre. Elle ne trouvera jamais à la vendre.