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LE BARON et LE COMMISSAIRE, ensemble.

Ah ! le goujat !

LE BARON.

Voilà ce qui arrive, madame, aux femmes qui, comme vous, vont chercher leurs amants dans les bas-fonds de la société ! Voilà les délicatesses qu’elles y trouvent ! (Au commissaire.) Laissez-moi châtier cet homme !

LE COMMISSAIRE.

Non, monsieur, je regrette, mais je ne peux pas. Ne vous emballez pas, d’ailleurs… Je crois que vous faites fausse route… Cet homme doit être un voleur, puisqu’il se défend d’en être un. S’il était autre chose qu’un voleur, il dirait qu’il en est un. C’est irréfutable…

ARSÈNE, à lui-même.

En somme, je n’ai rien volé, je n’ai encore commis aucun crime. Ah ! si j’avais un code dans la main ! On devrait toujours avoir un petit code sur soi… Il y a des éditions minces comme ça, du Code pénal, qui coûtent soixante-quinze centimes.

LE COMMISSAIRE, au baron.

Voulez-vous un bon conseil, monsieur ? Faites vos excuses à votre femme… Et arrangez-vous pour que nous puissions étouffer cette affaire-là. La présence de cet homme chez vous, l’excuse qu’il en donnera, tout cela ferait courir dans le village des fables ridicules.

LE BARON.

Tenez, voilà mille francs. Donnez-les-lui.

Le baron va à la baronne et lui tend la main. Elle la lui donne après une hésitation.
LE COMMISSAIRE, à Arsène.

Comment vous appelez-vous ?