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LE BARON, désignant le personnage qui l’accompagne.

Monsieur le commissaire de police… (D’un ton ferme.) Écoutez, madame, ne perdons pas de temps en dénégations inutiles. Un homme s’est introduit ici tout à l’heure. (La baronne tressaille.) Le groom a vu Julie introduire un homme par cette porte.

Il montre la porte du fond. La baronne le regarde avec étonnement ; puis elle pousse un soupir de soulagement.
LA BARONNE, le prenant de haut.

Ah ! il est entré par la porte de cette chambre ! Vous êtes bien renseigné, monsieur ! Ils vous ont donné de bonnes indications… Ah ! vous venez me surprendre ? Mais commencez vos recherches, messieurs ! Qu’attendez-vous donc ? Il est là, mon amant. Il est caché. Il est dans cet appartement. Oui, j’ai un amant, monsieur. Je ne suis pas fâchée de vous le dire devant monsieur le commissaire. Il est jeune, il est beau, il est cent fois plus élégant que vous ! Il a de la race, il a de l’allure ! Mais cherchez-le donc ! Où peut-il bien être ? Ne serait-il pas sous le lit ? Non, il est plutôt dans ce cabinet à robes. Voilà la cachette des amants ! Allez-y donc.

LE BARON, troublé.

Voyons, Hermance, me serais-je trompé ? M’aurait-on mal renseigné ?

LA BARONNE.

Mais non. On vous a bien renseigné. Puisque je vous dis qu’il est là. (Au commissaire, en lui désignant la porte du cabinet.) Ouvrez cette porte, monsieur, puisqu’on vous dit qu’il y a un homme là !

LE COMMISSAIRE, allant au cabinet à robes et ouvrant la porte.

Voyons… En effet, il y a un homme là !

LA BARONNE, frappée de stupeur.

Il y a un homme là !