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le statu quo. (Elle va à la fenêtre et revient à l’avant-scène.) Ce gentleman farmer a pour lui d’être élégant et distingué. C’est évidemment ce qu’il y a de mieux dans le pays. Et puis, il m’a laissé entendre qu’il m’aimait. C’est bien difficile, quand on se trouve avec un gentleman farmer qui vous aime, de ne pas l’aimer soi-même, un petit peu… Il est onze heures… (Elle regarde la fenêtre, puis tourne la tête du côté opposé.) J’entends le cri de la hulotte. C’est lui… (Attendrie.) Il imite d’une façon parfaite les cris de tous les animaux et des automobiles… Il est convenu qu’il doit venir avec deux serviteurs muets et une grande planche que ces serviteurs enverront par-dessus le fossé, en l’abaissant comme un pont-levis sur l’appui de la fenêtre. (On voit l’extrémité d’une planche qui entre par la fenêtre.) Je n’ose pas regarder.

Elle se retourne. Le gentleman apparaît sur la planche. Il saute à terre.

Scène IV

Les Mêmes, LE GENTLEMAN FARMER.
LE GENTLEMAN, posant un doigt sur ses lèvres.

Je ne fais que passer. Bonjour (Avec recueillement.) ma bien-aimée !… J’hésitais à venir ; mais il fallait bien vous prévenir. Votre mari a des soupçons. Vous le croyez sur la route de Paris ? Pas du tout ! Il est allé jusqu’à la première station. Il revient sur un tricycle à pétrole, en ramenant derrière lui dans une petite voiture le commissaire de police de la ville voisine.

LA BARONNE.

Dépêchez-vous de partir, alors.

LE GENTLEMAN.

J’ai le temps.