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ARSÈNE.

Quoi ? Non, simplement ce qui est convenu : trois cents francs… (La regardant de côté.) Je pense pas à ça pour le moment.

LA BONNE.

À quoi ?

ARSÈNE.

À rien.

LA BONNE.

Je vais chercher madame…

ARSÈNE.

Prenez votre temps, prenez votre temps.

La bonne sort.

Scène II

ARSÈNE, seul, puis LA BARONNE et LA BONNE.
ARSÈNE.

Celui qui regarderait ce qui se passe dans moi, en ce moment… Ah ! là là là là !… (Après avoir secoué la tête comme pour chasser une idée.) Qu’est-ce que je vais faire avec mes trois cents francs ?… Je vais commencer par m’acheter une bicyclette ; comme ça, je pourrai aller travailler dans tout l’arrondissement, excepté toutefois à Marcigny… parce qu’il y a une côte trop dure… Je m’achèterai un vieux clou de cinquante francs, et je l’échangerai contre une machine beaucoup plus belle quand je trouverai une occasion. On en trouve comme ça de très bien au bord du trottoir… (Il va écouter à la porte du fond et revient à l’avant-scène.) Et puis, qui sait ? Je retournerai peut-être à Paris… J’allais tous les dimanches aux courses… J’étais en relations avec les gens les plus chic… à la sortie… C’est toujours moi