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ARSÈNE.

C’est possible… Vous n’avez pas vu jouer la Tour de Nesle ? Y a une femme qui s’appelle Marguerite. Ah ! Marguerite ! pourquoi est-ce que vous m’avez choisi ?

LA BONNE.

Il n’y a que vous de voleur dans le village.

ARSÈNE.

C’est vrai. Il faut être un propre à rien comme moi pour venir travailler dans un trou pareil.

LA BONNE.

Voici le moment de vous cacher. Entrez dans ce cabinet à robes… (Il entre à gauche.) Je vous laisse la porte entr’ouverte. Vous guetterez madame. Quand vous verrez qu’elle dort, vous sortirez doucement…

ARSÈNE.

Ah ! ne parlez pas de ça, vous l’avez déjà dit. Rien que d’y penser, ça me fait mal au cœur. Parlez-moi plutôt de mes trois cents francs. Dire que le mois dernier, j’ai refusé une place de professeur de bicyclette dans un manège.

LA BONNE.

Il fallait accepter.

ARSÈNE.

On m’a dit que c’était fatigant… Écoutez, Marguerite…

LA BONNE.

Qu’est-ce qu’elle fait, Marguerite ?

ARSÈNE.

Si je réussis dans mon entreprise, vous m’avez promis…

LA BONNE.

Tout ce que vous voudrez.