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réveille, je ne lui toucherai pas un cheveu. Je n’ai apporté ni instrument contondant, ni aucune arme à feu. Je n’ai même pas un cure-dents sur moi.

LA BONNE.

Elle ne se réveillera pas, soyez tranquille.

ARSÈNE.

Moi, vous savez, donner des coups de lingue, c’est pas ma spécialité. Une fois, je me suis évanoui dans un château pour avoir tué un traversin.

LA BONNE.

Un traversin ?

ARSÈNE.

Chez un garde. La nuit, j’avais forcé la porte. Je m’étais rué sur le lit. Seulement mon garde n’avait pas couché là. Je me suis aperçu le matin que j’avais tapé dans un lit vide. C’est mon seul assassinat.

LA BONNE.

Mais il ne s’agit pas de toucher à madame. Elle a toujours été gentille pour moi, elle. C’est une brave dame tout à fait, et il faut vraiment que ça soye mon intérêt pour que j’y fasse du tort.

ARSÈNE.

C’est donc bien entendu que si elle se met à crier je m’excuse. Je veux bien voler ce que vous voudrez, à part ça. Y a-t-il ici qué’que bibelot qui vous fasse plaisir ? Je ne sais pas, moi : voyez ce qui peut faire votre affaire. Parce que, dame, une fois que je serai sorti, je ne rentrerai pas… Tout de même, j’aimerais mieux être ailleurs, qu’ici… Ah ! Marguerite ! pourquoi est-ce que vous m’avez choisi ?

LA BONNE.

Je ne m’appelle pas Marguerite.