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ARSÈNE.

C’est un vieux monsieur ?

LA BONNE.

Et quinteux ! et grognon ! Ah ! le sale bonhomme !

ARSÈNE.

Expliquez-moi ce qu’il y a à faire.

LA BONNE.

Ça n’est pas sorcier. Vous allez vous installer dans ce cabinet à robes, et vous attendrez que madame soit couchée. Quand vous jugerez qu’elle dormira, vous sortirez à pas de loup et vous lui prendrez ses clefs qu’elle pose toujours sur ce petit guéridon. Puis, vous irez à cette porte qu’elle aura fermée, vous l’ouvrirez doucement, et vous me donnerez les clefs. Je serai dans le couloir. Je n’aurai plus qu’à descendre au salon où j’ouvrirai le coffre-fort. Je prendrai les papiers que veut avoir monsieur Niquedan, celui qui se présente contre notre monsieur à la députation. Je les lui porterai dès ce soir. Je toucherai la somme et je vous remettrai trois cents francs. On m’a donné mon compte ici, il y a deux jours. Je ne suis pas fâchée de leur jouer ce petit tour-là.

ARSÈNE.

Mais pourquoi est-ce que vous n’avez pas pris ces clefs vous-même ?

LA BONNE.

Parce que madame s’enferme toujours le soir, après m’avoir renvoyée.

ARSÈNE, qui a écouté ce récit avec abattement.

Enfin !… C’est bien compliqué tout ça ! Il faut que je vous prévienne d’une chose. Si votre madame se