Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout à l’heure. Je croyais parler à un malheureux condamné. Et mon devoir était de ne pas l’affliger davantage… Alors, par pitié…

DOUBLET.

Ah ! vous n’allez pas commencer à être coquette maintenant ! S’il faut être criminel pour vous parler d’amour, je vais commettre n’importe quel crime, égorger quelque geôlier, et je remonterai vous faire la cour… Léa… Léa… Léa… Je viens de vous faire tort en devenant subitement innocent, et en vous privant d’une cause… Mais cette cause qui est la mienne, reprenez-la et plaidez-la auprès de vous. Allons ! Allons… Je ne vous demande pas de dire oui… Ne dites pas non… Ça me suffira !

LÉA, après une hésitation.

Je crois qu’on a frappé.

DOUBLET.

Entrez !…


Scène III

LES MÊMES, LE GEÔLIER.
LE GEÔLIER.

J’apporte du thé et des gâteaux.

DOUBLET.

Ah ! mon ami, j’ai à vous apprendre une nouvelle qui va vous peiner. Je vais prochainement m’en aller de cette cellule qui me rappelle désormais une des heures les plus émouvantes de ma vie…