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Scène II

LÉA, DOUBLET.
LÉA.

Vous m’avez choisie, m’a-t-on dit, sur la liste des avocats d’office ? Est-ce que nous avons des relations communes ?

DOUBLET.

Non, madame, j’ai choisi d’après le nom.

LÉA.

Sans doute parce que mon nom se trouve être celui d’un jurisconsulte connu ?

DOUBLET, timidement.

Non, ce n’est pas pour ça. C’était parce que votre nom avait l’air d’être celui d’une personne… brune… Oui, j’aime bien les personnes brunes.

LÉA.

Ce ne sont pourtant pas des considérations d’un tel ordre qui doivent vous guider dans le choix d’un avocat.

DOUBLET.

Dans le choix d’un avocat, non… mais dans le choix d’une avocate. Il faut vous dire que je préférais une avocate, parce que mon affaire est d’ordre sentimental. Il y a des nuances qu’on ne peut expliquer, me semble-t-il, qu’à une femme, et à une femme brune. Cependant, je crois qu’une blonde, à la rigueur…

LÉA, s’asseyant et prenant des notes.

Vous êtes prévenu du crime de bigamie.

DOUBLET.

Du crime de bigamie… Je me suis marié à Alger, il