Page:Theatre complet des Latins Tome XV, 1823.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée
viii
CONSIDÉRATIONS.

de Varron sont en plus grand nombre ; mais comme ils sont la plupart tirés de ses satires Ménippées, je ne les ai point cités.

Au-dessus de tous ces auteurs, s’élève comme un chêne antique et respecté, Q. Ennius, poète et historien, qui donna à ses poésies toute la vérité de l’histoire, et à l’histoire tous les agréments de la poésie. Ennius fut un homme de génie, dont l’éloignement et l’intervalle des temps ne nous permet plus d’apprécier le mérite et les talents. Ses cendres furent déposées dans le même tombeau où reposaient celles de Scipion l’Africain, et sa statue de marbre fut placée à côté de celle que le vainqueur d’Annibal se fit ériger. Virgile, en nous apprenant qu’il tira plus d’une fois des perles du fumier d’Ennius, n’a rendu que très imparfaitement justice à la muse qui chanta les exploits de Scipion, qui écrivit en vers les annales de la république romaine. On voit très-souvent briller sur la couronne dont la tête du poète de Mantoue est ornée, ces perles dont Virgile a fait ressortir tout l’éclat ; mais dont il aurait dû parler peut-être avec plus de reconnaissance. Il m’était facile de le prouver dans mes notes, si je n’avais craint d’affecter un vain étalage d’érudition. J’avais promis les fragments de Plaute, récemment découverts par M. Angemay, directeur de la bibliothèque Ambrosienne, à Milan ; j’ai rempli ma promesse. Ils pourront offrir aux lecteurs les moyens de faire d’utiles corrections dans les comédies du poète de Sarsines.

J’ai donc terminé le Théâtre complet des Latins. On a rendu justice aux excellentes observations de MM. Amaury et Alexadre Duval, sur l’art dramatique ; elles ont donné à mon travail un mérite réel. J’espère que le public comptera pour quelque chose, mon zèle soutenu pendant plusieurs années, comme traducteur et comme annotateur. Je souhaite, pour l’honneur de la littérature, pour celui du corps enseignant, dont j’ai fait partie pendant plus de vingt années, avoir acquis des droits à la protection des gens de bien, à l’estime de mes confrères, à celle du Prince qui m’a permis de placer mon ouvrage sous ses auspices, à celle du Monarque éclairé qui n’a pas dédaigné mon respectueux tribut. Ce sera le souvenir le plus consolant que je puisse emporter dans la tombe, et le seul qui puisse adoucir pour moi les peines de la vie.