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CONSIDÉRATIONS

SUR

LES FRAGMENTS

DES TRAGIQUES ET DES COMIQUES LATINS.



Si la traduction des Tragédies et des Comédies latines exige une grande habitude de la langue des Romains, et des connaissances dont un traducteur, malgré les plus constants efforts, ne peut pas toujours se flatter d’avoir donné la preuve ; si, pour prononcer sur un ouvrage, résultat des veilles les plus pénibles et de méditations continuelles, la critique s’arme de toute sa rigueur, que n’aura pas à redouter un homme de lettres essayant d’expliquer en français des fragments mutilés, altérés et défigurés par les copistes, les grammairiens et les annotateurs ? Dans le premier genre de travail on se sent du moins encouragé, soutenu par la variété, le charme, la fécondité du sujet ; mais dans le second, où tout est pour ainsi dire fondé sur des conjectures qui se détruisent les unes les autres, où l’on est environné d’incertitudes et de ténèbres, il faut, après des recherches minutieuses et fatigantes, s’attendre, de la part des critiques, à des reproches qu’on a vainement espéré d’éviter. Personne ne doit plus que moi de reconnaissance à messieurs les journalistes et à l’indulgente bonté avec laquelle le public a daigné accueillir le Théâtre complet des Latins. Cependant il a fallu des motifs puissants pour me déterminer à traduire les Fragments des Tragiques et des Comiques latins. Ces motifs ont été de compléter mon ouvrage, autant qu’il était en moi, et d’être utile à ceux qui sont jaloux d’avoir au moins une idée de tant de riches productions, de tant de monuments littéraires, que le torrent des siècles a entraînés loin de nous, peut-être sans retour, et dont il ne nous a laissé dans son cours rapide que de faibles débris. J’ai du pourtant mettre des bornes à mon zèle, et faire