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après que la seule disposition qui lui donne une quelconque valeur ait été outrepassée despotiquement et rendue de nul effet. Lorsqu'un pays est dans un état de guerre civile, il est à peine possible d'y appliquer une constitution. Lorsqu'un pays est divisé en deux partis, exaspérés, par le goût du sang de l'un et l'autre, au-delà de la possibilité d'un accommodement paisible, un arbitre armé de la force de se faire obéir par les deux, est une bénédiction qui n'a pas de prix, et il incombe à la mère-patrie d'être un tel médiateur. En soi, donc, la dictature qui a été endossée, et dont lord Durham est le dépositaire immédiat, peut se justifier. Mais s'il s'avérait que la dictature eut été endossée uniquement pour enlever les obstacles que la constitution de la Chambre d'assemblée a dans les dernières années opposé à l'influence précédemment incontrôlée d'une faction rapace ; si parce que la majorité du peuple, lorsqu'elle avait le contrôle de l'Assemblée, ne l'a pas employée selon nos désirs, nous avons l'intention de remédier à cet inconvénient en lui enlevant le pouvoir pour le remettre à une minorité ; si nous avons écarté leur constitution afin de confisquer les privilèges des plus anciens habitants au profit d'un petite proportion d'étrangers et des nouveaux colons ; alors le nom britannique restera entaché, pour n'être lavé que le jour où tout ce qui est fait maintenant sera défait ; et le nom de Whig restera aussi infâme dans les annales américaines que l'est le nom de Tory dans celles de l'Irlande.

Si les habitants anglais et français du Canada ne peuvent être gouvernés les uns par les autres, qui des deux doit gouverner? Le nombre total des individus de race britannique au Bas-Canada n'équivaut même pas, selon leur propre calcul, au tiers du tout ; et parmi ceux-ci, une grande partie se composant d'émigrants ou de descendants des émigrants des États-Unis, et même de ceux d'origine britannique, comme le reconnaissent les commissaires, votent avec le parti français ;[1] ce ne peut être ceux-là qui se croient à la merci des Français, et exigent une protection. Les autres, monsieur George Gipps l'affirme distinctement, sont « pour la plupart nés dans nos îles. »[2] Voici donc, en conséquence, un corps d'hommes, qui ne sont positivement pas de naissance américaine, qui sont des étrangers, des nouveaux venus — et une partie d'entre eux, en particulier les classes marchandes, n'ayant peut-être même pas prévu de rester de façon permanente dans la colonie — et qui ont la présomption (ou quelqu'un l'a pour eux) de s'attendre à ce que la constitution politique d'un pays établi depuis longtemps soit formée à leur seule convenance. Non contents de posséder ce que, dans de telles circonstances, ils n'auraient jamais obtenu dans aucun pays de l'ancien monde, c'est-à-dire les privilèges de la citoyenneté, et une influence dans les affaires publiques proportionnelle à leur nombre, ils doivent être

  1. "Second Report", pp. 96-7.
  2. "Reports", p. 99. [Ibid., p. 97.]