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du pouvoir arbitraire et des doctrines politiques désuètes. C'est à cela, nous en sommes persuadés, que doit être attribué le fait que la majorité de colons des États-Unis ont jusqu'ici soutenu le parti français plutôt que le parti anglais. Les représentants des comtés de Stanstead et de Missisquoi n'ont pas été envoyés au Parlement pour défendre le système féodal, pour protéger la langue française ou pour s'opposer à un système d'enregistrement [des terres]. Ils ont été élus pour prêter main forte aux défenseurs des droits populaires et pour s'opposer à un gouvernement qui, à leur avis, a négligé ou a défavorisé les colons des États-Unis. Même durant notre propre séjour dans la province, nous avons vu le Conseil continuer d'agir avec le même esprit, en écartant ce qui, selon nous, aurait constitué une mesure des plus salutaires, d'une manière qui peut difficilement être reçue autrement que comme l'indication d'une froideur certaine envers l'établissement de [nouvelles] coutumes visant à exercer le jugement du peuple et favoriser son amélioration générale. Nous faisons ici allusion à un projet de loi permettant aux paroisses et aux cantons d'élire des officiers locaux, afin de régler les questions locales, une mesure qui, bien que non absolument rejetée, fut enterré d'une manière ne montrant aucune sympathie envers le principe[1].

Ce portrait diffère sensiblement du gouvernement paternaliste que lord John avait dépeint avec tant de charmes. Dans ce portrait, on remarquera que le Conseil législatif est présenté comme le responsable des griefs et l'Exécutif comme son instrument servile. Nous constatons que chacune des améliorations dont Lord John Russell s'attribue le mérite a été extorquée à un Conseil législatif qui s'y opposait avec persévérance. Nous trouvons les prières du peuple bloquées à une étape intermédiaire, et le représentant de la couronne de l'Angleterre empêché de les exaucer, ou à l'abri de la responsabilité de leur refus. Nous trouvons tous les abus dans le gouvernement exécutif, qui n'étaient pas reconnus alors mais qui le sont maintenant, protégés contre la réforme par le Conseil, on se l'imagine bien, puisque c'était les conseillers et leurs relations qui en profitaient. Nous trouvons le Conseil absorbant tout le patronage du gouvernement, exerçant, sous le masque du gouverneur, tous ses pouvoirs, et constituant l'appui sur lequel, par reconnaissance, le gouvernement « reposait exclusivement pour se soutenir. » Nous trouvons, d'après les commissaires, que cette « tendance à chercher l'appui plutôt du Conseil législatif que des représentants du peuple », a duré « avec une constance inébranlable jusqu'à tout récemment. »[2] Nous trouvons ce corps toujours inchangé dans sa constitution ; n'étant en effet changé que légèrement dans son personnel, mais presque

  1. "General Report", pp. 5-8. [PP, 1837, XXIV, 187-8. À la fin, référence au projet de loi intitulé "A Bill to Provide for the Nomination and Appointment of Parish and Township Officers", 5 & 6 William IV (Lower Canada), adopté par la Chambre d'assemblée du Bas-Canada le 14 décembre, 1835, mais rejeté par le Conseil législatif. Voir Journals of the House of Assembly of Lower Canada, 1835-36, p. 277, et Journals of the Legislative Council of the Province of Lower Canada, 1835-36, pp. 114, 123, 232, 269.]
  2. "Reports", p. 108. ["Third Report", ibid., p. 106.]