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si les Anglais sont un peuple juste, n'est-ce pas une victoire d'avoir autant attiré son attention sur celle-ci, lorsque les plus émouvants appels des voix les plus patriotiques du Parlement n'ont pas réussi l'an dernier à interrompre ce sommeil que le vacarme des armes a enfin brisé? M. Papineau — un homme que M. Edward Ellice, de connaissance personnelle, décrit comme « irréprochable dans son caractère, qui a beaucoup de talent et de mérite »[1] — aurait dû, a-t-on dit, suivre l'exemple de M. O'Connell : mais M. Papineau est-il au Parlement, avec soixante-dix partisans derrière lui, les affaires de son pays au centre de toute la politique britannique et avec un ministère existant selon sa volonté? À leurs frères et compatriotes ruinés, aux familles de ceux qui ont été massacrés, les auteurs de cette révolte ont des comptes à rendre, dette dont nous espérons qu'ils s'acquitteront comme il faut. Mais contre nous, ils sont tout à fait dans leur droit. Le peuple du Canada avait une cause légitime de guerre contre le peuple de l'Angleterre. Il a reçu une provocation qui, selon tous les principes du droit public, constitue une rupture des conditions d'allégeance. Ce qui a provoqué la guerre, c'est la violation ouverte de leur constitution, dans la plus fondamentale de ses dispositions, par l'adoption de résolutions au Parlement autorisant le retrait d'une somme d'argent dans leur trésor public sans leur consentement[2].

Nous devons approfondir un peu plus cette question ; car il y a quelque chose de très alarmant selon nous dans cette nonchalance avec laquelle les Anglais traitent d'une question aussi grave que la violation d'une constitution. Une résolution retirant au Bas-Canada son gouvernement représentatif est adoptée par la Chambre des communes avec environ cinquante voix dissidentes[3], et (à l'exception des braves Working Men) on n'entend guère qu'un chuchotement de désapprobation publique. Et il se trouve des libéraux qui considèrent qu'il s'agit d'une question futile, d'une chose contre laquelle l'on peut protester tout doucement, mais qui n'est pas un « grief concret »[4] et il se trouve des publicistes, et même des publicistes de talent, qui comparent la chose au prélèvement d'une taxe pour paver et éclairer une ville incorporée lorsque la corporation a refusé de le faire. Nous demandons à ces publicistes si le Parlement a déjà, par une loi formelle, renoncé au droit de taxer les villes incorporées ou s'il a déjà, par une autre loi, placé tous les impôts perçus dans l'une d'elles à la disposition absolue du Conseil de ville? Si c'était le cas, les précédents d'une municipalité et d'une colonie pourraient être mis en parallèle primâ facie. Sinon, l'un n'est que l'exercice ordinaire d'un pouvoir légitime, l'autre est une rupture de confiance avec un peuple ; c'est leur retirer le droit qui les fait citoyens d'un État libre, et dont la violation, dans tous les âges et chez toutes les nations, forme le casus belli entre un peuple et son gouvernement. C'est lui infliger le mal contre lequel Hampden a résisté, et pour lequel Washington a levé l'étendard de la « trahison et de la rébellion », et sonné le glas du gouvernement aristocratique sur la surface de la Terre.

  1. Edward Ellice, "Speech on the Affairs of Canada" (25 janvier, 1838), PD, 3rd ser., Vol. 40, col. 491 ; in The Times, 26 janvier, 1838, p. 3.
  2. Voir Russell, "Resolutions on the Affairs of Canada" (6 mars, 1837), PD, 3rd ser., Vol. 36, cols. 1304-6.
  3. Voir la division du vote sur la huitième résolution sur le Canada (24 avril, 1837), ibid., Vol. 38, cols. 248-9, où l'on donne le chiffre de 32 voix contre.
  4. Voir, par exemple, John Arthur Roebuck, et al., "To the People of England", The Canadian Portfolio, No. 1 (4 janvier, 1838), p. 29.