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que ceux qui militent pour des principes, ou invoquent la justice du fort envers le faible, doivent se résigner à endurer. Et c'est une situation bien assez mortifiante lorsqu'au lieu de n'avoir qu'à subir l'échec d'un quelconque progrès et la continuation d'un mal déjà existant, ceux-ci sont condamnés à voir leur pays se précipiter aveuglement vers une erreur et une injustice certaine en suivant des conseils intéressés. Mais aucune génération à laquelle nous pouvons songer n'a encore échappé à un tel mal : nos grands-pères ont été témoins de la guerre américaine, nos pères, de la croisade pour le compte du despotisme en France. Nous autres, de la présente génération, devons maintenant prendre notre part de la responsabilité commune et, considérant avec quelle facilité elle nous a été attribuée, nous pouvons nous estimer heureux d'y avoir échappé aussi longtemps.

En présentant nos observations sur ces tristes événements, nous ne désirons pas nous répandre en récriminations rétrospectives. Un nouvel état de choses existe maintenant au Canada, et le passé n'a plus d'importance que pour nous conseiller sur l'avenir. Mais en vue de cet avenir et de ces mesures sur lesquelles devront délibérer, d'abord Lord Durham et ensuite le Parlement britannique, une certaine référence au passé est indispensable.

D'abord, débarrassons-nous de ces termes abusifs, que des hommes enflammés par la passion au point d'y perdre toute perception des distinctions morales les plus admises ont accumulé sur le compte des insurgés pour les rendre odieux. Ils sont nommés rebelles et traîtres. Ces mots leur sont totalement inappropriés. Considérons la question à partir du témoignage de leurs ennemis les plus fielleux : qu'est-ce que ces ennemis leur imputent? Seulement le fait qu'ils entretiennent un conflit racial ; qu'appartenant à un peuple conquis, ils en ont les sentiments et ont essayé de se défaire de leurs conquérants. Est-ce de la trahison? N'est-ce pas la conduite avec laquelle les Anglais ont été invités à sympathiser, à payer des cotisations et à proclamer leur admiration pour les victimes et leur dégoût à l'égard du conquérant aux quatre coins de la Terre, quand d'autres partis étaient impliqués? Tels qu'ils sont présentés par leurs ennemis, qu'est-ce que les Canadiens ont fait d'autre que les Polonais ? Nous ne comparons pas Lord Dalhousie et Lord Aylmer au grand duc Constantine ou l'administration de notre bureau colonial à celle de Nicholas, bien que, même à propos de Nicholas, nous devons nous rappeler que nous n'avons pas sa version des faits ; nous ne connaissons que celle des rebelles et des traîtres, tels qu'il les nomme dans son vocabulaire[1]. Et y en a-t-il qui pensent que M. Papineau ou M. Morin éprouveraient une quelconque difficulté à plaider leur cause contre nous, à la satisfaction d'un auditoire sympathique chez une nation rivale, sans que nous soyons entendu, ou ayons la chance d'opposer une contradiction? Au sujet des dommages infligés par un gouvernement étranger,

  1. Voir Nicholas I, "Proclamation of the Emperor of Russia" (17 décembre, 1830), The Times, 6 Jan., 1831, p. 2.