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des buts concrets et importants. Ils rallieraient autour d'eux la confiance du public, ainsi qu'autour du ministère auquel ils auraient donné naissance. L'esprit de ce ministère serait changé, lui aussi, bien plus que ne serait changé le personnel qui le compose. Il ne serait pas nécessaire d'exiger qu'il propose le vote à bulletin secret, car il serait placé dans une situation telle qu'il ne pourrait pas perdurer sans le proposer. Un tel ministère, s'il n'est pas lui-même ce ministère de Radicaux modérés dont l'heure doit venir bientôt, préparerait le terrain à un ministère qui aurait pour devise : LE VOTE À BULLETIN SECRET, LA JUSTICE POUR L'IRLANDE, ET POUR LE CANADA.

Le nom du CANADA nous rappelle à l'objet le plus immédiat de cet article. C'est vers lui que nous nous tournerons à présent : en espérant (pas en vain croyons-nous) qu'il soit possible d'obtenir une audience impartiale pour entendre la cause d'un peuple malheureux qui d'après l'opinion générale a vu son insurrection étouffée et dont le destin repose maintenant entre nos mains. Nous savons avec quelle force la marée s'est levée contre lui. Nous sommes douloureusement conscients que des opinions averties et impartiales sur la raison du conflit commencent à peine à être acceptées dans l'esprit du public ; et que même chez une bonne part de ceux qui constituent la force vive du parti populaire, les opinions que nous croyons devoir admettre et défendre sur ce malheureux conflit, ne rencontreront au départ qu'une sympathie partielle. En dépit du fait que nous ressentions âprement les désavantages qu'il y a à défendre cette cause, dont les nobles principes souffrent lorsqu'elle souffre, cette situation ne présente cependant rien qui puisse nous décourager, car elle n'est ni nouvelle ni inattendue. Les amis des idées libérales ne doivent jamais se flatter que, sur quelque question nouvelle, l'opinion publique leur sera acquise dès le départ. Les opinions libérales n'ont jamais remporté de victoire qu'à la suite d'un long combat ; sur aucune question particulière les Anglais ne sont plus sages que l'étaient leurs grands-pères, si ce n'est celles qui ont été discutées amplement, longuement et correctement. Lorsqu'on se souvient que l'Irlande est à nos portes, que l'Irlande a plus de cent représentants au Parlement britannique et que, malgré ces circonstances favorables, il aura fallu cinquante ans pour obtenir une justice même aussi imparfaite que celle que nous connaissons actuellement, pouvons-nous nous étonner d'apprendre que le Canada, qui ne jouit d'aucun de ces avantages, que le Canada sur lequel l'attention de l'Angleterre n'a jamais jusqu'à ce jour été sérieusement attirée, n'obtienne pas justice, et que sa cause n'en soit encore qu'aux premières étapes d'un combat ardu? Il doit en être ainsi ; c'est une des mille et une mortifications, dans tous les états de société et sous tous les gouvernements,