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Qu'ils se désolidarisent du ministère, et qu'ils entrent ouvertement dans l'opposition. Que leur opposition n'ait rien de factieux ; qu'ils votent aux côtés des Whigs comme ils feraient aux côtés des Tories, en faveur de tout ce qui mérite d'être défendu dans leurs propositions. Mais si les Tories devaient susciter une motion de censure adressée aux ministres, que les Radicaux votent en sa faveur. Il pourra d'abord sembler que cela doive porter les Tories au pouvoir – ce que nous avons pour but d'éviter. Cependant, même cela pourrait être largement compensé si par là nous parvenons à la seule chose qui pour le moment nous tient à cœur : une opposition radicale soudée et vigoureuse. Mais très peu de réflexion suffit pour faire voir qu'un ministère Tory ne s'ensuivrait pas nécessairement, et même pas du tout. La condition sine qua non pour accéder au ministère est d'obtenir une majorité, et les Tories ne sauraient la former à eux seuls. Elle ne peut être formée que de l'alliance des Tories et des Whigs, ou de celle des Whigs et des Radicaux. Ce serait aux Whigs de décider. S'ils choisissaient les Tories, nous pensons bien que la voie qu'ils inclineraient à préparer serait à peu près évidente, de même que nous verrions de manière claire si nous perdons quoi que ce soit à troquer un ministère de Tories refoulés contre un ministère de Tories décomplexés. Mais tel ne serait pas leur choix. Ce sont des gens trop respectables pour ne pas au moins, le cas échéant, produire en faveur de l'Irlande des conditions telles qu'elles protègeraient le gouvernement généreux et libéral de Lord Mulgrave contre toute atteinte ; et les compliments du duc de Wellington, qui sont un véritable soufflet pour son propre parti, témoignent assez (et à dessein, croyons-nous) qu'aucune difficulté de cette nature ne se trouverait sur la route d'une alliance qui pourrait par ailleurs se faire par d'autres voies.[1]

Si les Whigs écartaient la coalition avec les Tories, il ne fait aucun doute qu'ils seraient amenés à lever une motion de censure contre le ministère Tory : et dans ce cas, les Radicaux pourraient (et devraient, à la vérité) se joindre à eux. Grâce à l'efficacité qui est commune chez les Radicaux, ces deux motions aboutiraient ; et dès lors, le seul ministère qui pourrait voir le jour porterait à parts égales la voix des Whigs et celle des Radicaux. Les Radicaux doivent se garder de jeter les Whigs dans les bras des Tories en se brouillant avec ces derniers. Ils devraient se contenter de refaçonner le ministère actuel, en laissant de côté Lord John Russell et tous ceux qui peuvent se déclarer engagés à lutter contre le vote à bulletin secret. Mais les Radicaux auraient alors remporté une victoire. Ils auraient réussi à imposer leur influence en tant que partie de la majorité, et au moins en tant que moitié de la majorité. Ils deviendraient autre chose qu'une queue de peloton. Ils auraient redonné des forces aux âmes languissantes et aux espoirs mollissants du parti libéral, partout à travers le pays. Ils auraient appris aux Réformateurs à se tourner vers eux non pas simplement pour des discours de temps à autres, mais en vue d'atteindre

  1. Voir Arthur Wellesley, "Speech on the State of Ireland" (27 novembre, 1837), PD, 3rd ser., Vol. 39, col. 264.