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Que les ministres tendent vers le conservatisme, qu'ils cherchent désormais le soutien des Conservateurs, et que les leaders Tory soient en train de regarder dans la même direction, préparant consciencieusement la voie à une coalition, voilà qui suffit amplement au propos. Ils sont en train de jeter les Orangistes par-dessus bord. Ils flattent Lord Mulgrave. Ils donnent des signaux de compromis sur la plupart des points de détails, dont on a fait des points capitaux au motif que les Whigs s'y étaient impliqués. La session parlementaire actuelle sera employée à se débarrasser de ces pierres d'achoppement. Si après cela, nous ne voyons pas Peel et Wellington aux affaires, ce sera parce qu'ils penseront ménager leur intérêt en n'y venant pas, et en laissant les ministres faire le travail à leur place. Si les choses continuent d'aller ce train, nous devons nous attendre à voir lors d'une session prochaine – si ce ne sont pas Sir Robert Peel ou Lord John Russell en personne – du moins leurs partisans, assis sur le même banc, et défendant avec enthousiasme le même ministère ; tandis que les bancs de l'opposition seront occupés par le parti Radical, flanqué de 30 ou 40 Orangistes fanatiques – la raclure de la Chambre.

En prévision d'un tel état de choses, il faut bien dire que c'est M. O'Connell, et non pas une insensibilité aux intérêts de l'Irlande, qui est cause que les plus courageux des Radicaux anglais désapprouvent son allégeance téméraire au ministère, et y résistent. Nous rejetons avec indignation l'idée que M. O'Connell puisse être sincère lorsqu'il nous accuse d'être insensibles à l'égard de l'Irlande. En effet, pour lui, quiconque a en parallèle d'autres soucis en tête, ne se soucie pas de l'Irlande. Pourtant, il est indigne du discernement de M. O'Connell de ne pas s'apercevoir que le bien de l'Irlande, aussi bien que celui de l'Angleterre et de l'Ecosse, dépend de la conservation de l'influence populaire au sein de la Chambre des Communes, et que lorsque cette dernière est en péril, il ne faut pas hésiter à encourir des risques mineurs, y aller avec entrain, plutôt que de perdre du temps à tenir le terrain opportun pour réunir des forces chez nous. Quand vient le moment – et ce moment est à présent arrivé – où il faut sans délai perfectionner le système représentatif – non seulement pour pouvoir progresser, mais encore pour pouvoir conserver nos acquis, y inclus celui d'un gouvernement intègre en Irlande – à partir de ce moment-là, aucune posture ne convient mieux à un Radical que celle d'une opposition ouverte à tout gouvernement quel qu'il soit, qui refuserait d'aller plus loin sur ce plan. Il reste à montrer, au demeurant, comment on peut conduire cette opposition sans tomber aux mains des Tories, et sans exposer nos frères Irlandais à des risques évitables – non pas celui d'un gouvernement orangiste, nous ne dirons pas cela car nous le tenons pour impossible – mais disons : au risque de perdre le gouvernement auquel ils sont attachés.

Là, il faut que les Radicaux tiennent par rapport à Lord Melbourne exactement la même position qu'ils occupaient par rapport à Lord Grey au sein du premier Parlement issu de la Réforme.