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pour les étouffer – au prix d'un délit caractérisé de tromperie sur marchandise à l'égard de leurs abonnés. Ces faits prouvent que le gouvernement a été pris au mot ; que le camp qui est le sien et celui des Radicaux sont à présent deux camps différents ; que les Radicaux sont en train de se constituer en parti autonome ; que Lord John Russell ne tient plus les rênes de l'esprit de réforme ; et qu'afin de déterminer les méthodes les plus aptes à favoriser un succès rapide de la cause des institutions populaires, on n'ira plus désormais prendre conseil auprès de ses ennemis déclarés.

L'on peut comprendre l'épouvante ressentie par cette partie des Whigs qui ne cherchent qu'à conserver leurs places, face à des manifestations qui les mettent si manifestement en péril. Et l'on peut comprendre la consternation des écrivains radicaux, des chefs de sections ou des chefs locaux du radicalisme qui, connaissant pour la première fois de leur existence ce que c'est que d'être courtisé par un ministère, continueront joyeusement à unir au crédit qu'ils ont à être dans le camp du peuple, la vanité, et les autres avantages plus substantiels qu'il y a à être du coté du pouvoir. Ce qui est plus difficile à comprendre, c'est la raison pour laquelle des radicaux sincères devraient se comporter comme si la révélation des véritables objectifs du ministère, qui nous ont été dévoilés, ainsi que la connaissance, qui en découle, de ce qui est ou non à prévoir venant de sa part, était un mal ; et un mal si grand qu'il légitimerait le ressentiment ; si grand – dis-je – que celui qui nous les a apportées par ses questions "intempestives" à Lord John Russell[1] devrait être traité comme s'il nous avait infligé une blessure mortelle. M. Wakley a eu le sort habituellement réservé aux porteurs de mauvaises nouvelles. Il a secoué les léthargiques, ouvert les yeux aux endormis, et en récompense, la colère de se sentir bousculés fut leur première réaction. Si le silence de M. Wakley avait pu changer quoi que ce soit aux opinions de Lord John Russell, nous aurions été les premiers à regretter que ce silence ait été brisé. Mais puisque M. Wakley ne pouvait rien faire d'autre que de le pousser à dire ce que par ailleurs, de toute façon, il faisait, quel réformateur irait souhaiter que cela reste tu? Si l'esprit du ministère avait été indécis, si progressivement et insensiblement il s'était rapproché de nous, peut-être aurait-il été mauvais d'interrompre ce processus, et de forcer les ministres à déclarer prématurément une opinion qu'ils n'étaient prêts à exprimer qu'à demi ; mais vu qu'ils étaient résolus, et résolus à une opinion qui est à l'opposée de ce qui est souhaité, comment pourrait-on en être trop tôt averti ? N'y aurait-il pas là-dedans, confusément, le regret de ne plus pouvoir goûter au plaisir d'être trompé, à ce plaisir dont les meilleurs juges de la nature humaine ont pris toute la mesure, et qu'on pourrait définir comme le plaisir qu'on tire de ne se voir réclamer aucune activité, aucune prévoyance, aucune application de notre jugement

  1. Voir Thomas Wakley, "Motion on the Address in Answer to the Queen’s Speech" (20 novembre, 1837), ibid., cols. 37-48.