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aux bataillons d’Afrique, pour avoir fait, un soir, le guet dans une rue de banlieue, pendant que des amis à lui étranglaient une vieille dame. Le gaillard n’avait pas la moindre honte à me raconter son histoire. Et comme je lui demandais s’il n’avait eu aucun remords pendant que ses amis opéraient : « Que voulez-vous ? répondit-il avec un sourire céleste, dans la vie il faut bien avoir le cœur un peu dur ! » Je n’excuse pas ce voyou. Pourtant je le préfère, je l’avoue, à un gaillard sentimental.

Là-dessus, Dingley quittait le journaliste, pour arracher des souvenirs à un jeune officier blessé à Colenso, et qui l’intéressait vivement par sa fraîche expérience de la guerre ; ou pour apprendre d’un agent de la Compagnie du Niger, dans la Haute Bénoué, à quoi il occupait sa pensée durant la saison chaude. Tout le jour, ce fonctionnaire, étendu sous la tente, attendait l’heure où le soleil déclinant lui permettrait d’enlever son casque.

Mais de tous ces passagers réunis par le