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terre, des entrepreneurs qui construisent des maisons sur des terrains vagues, des télégraphistes, des conducteurs de locomotives, des chercheurs d’or, des éleveurs de moutons. Nous pratiquons les petits métiers, car nous sommes nombreux et pauvres et nos terres ne sont pas riches, et il nous faut sortir de notre île. En somme, faisons-nous autre chose que continuer une tâche que vous avez entreprise, vous autres Français, il y a deux siècles, et que vous avez méprisée. Mais je le comprends, par Jupiter ! Vous préférez rester chez vous. Qui voudrait, sans y être contraint, quitter la belle France ? Nous sommes les Auvergnats du monde.

— Des Auvergnats un peu rudes !

— Eh ! mon Dieu, il faut bien être un peu rude. Permettez que je vous rapporte un mot d’un de vos compatriotes qui m’a vivement frappé. Dans un voyage que je fis autrefois à Alger, sur un bateau de votre Compagnie des Chargeurs Réunis, j’eus l’occasion de nouer connaissance avec un jeune bandit que votre Gouvernement envoyait