je viens de rencontrer : des yeux faux, des cheveux rares, chlorotique, la dernière misère, un long corps souple, le visage imberbe, des gestes mous, un air de fille. Il s’engage au service de la Reine, non par patriotisme, pour quelques guinées. À Londres, c’est la plus basse crapule. Je l’expédie en Afrique. La guerre le décrasse, il fait peau neuve. Il prend l’orgueil d’un métier, il en respecte les lois, bref il redevient un homme ! Eh bien ? Que pensez-vous de mon conte ?
Et comme elle tardait à répondre :
— Montrer comment la guerre dégage d’une canaille un héros, insista-t-il nerveusement, voilà ce que je voudrais faire !
— Je doute que de pauvres gens recrutés en état d’ivresse deviennent jamais des héros, répondit Mistress Dingley.
— Les soldats de Wellington n’ont pas été ramassés autrement ! repartit vivement le romancier, auquel les coutumes séculaires de son pays semblaient participer de la nécessité des phénomènes naturels. Et