Page:Tharaud - Dingley.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépeuplé pour elle, et ses amis les plus chers semblaient avoir cessé d’exister.

Sans marquer son étonnement, il se mit à feuilleter les journaux que le courrier venait d’apporter. À la seconde page d’une feuille de Capetown, il lut :

« Ce matin, à 8 h. 45, Lucas du Toit et son cocher Cornélis ont été fusillés. On les a conduits hors de la ville, sur le plateau qui s’élève en face des monts du Drakenberg, lieu d’origine des deux rebelles. Les condamnés s’embrassèrent. Du Toit refusa de se laisser bander les yeux. Quand les soldats l’eurent couché en joue, il donna lui-même, avec son chapeau, le signal du feu. Cornélis tomba le premier. Du Toit s’abattit sur lui, le couvrant à moitié. L’exécution s’est passée sans incident. »

Sur les maigres détails de la dépêche qu’il venait de lire, Dingley reconstituait la scène dans sa complexité vivante, quand sa femme s’approcha de lui :

— Excusez-moi, lui dit-elle, mais je n’ai pu me résigner à ne rien tenter pour un