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monter l’échelle de lumière jusqu’à ces mêmes étoiles.

Derrière lui, dans le bivouac, les cavaliers faisaient sauter le couvercle des conserves et trempaient leur biscuit du soir dans un gobelet de whiskey. Çà et là, autour des feux, s’élevaient des mélodies populaires chantées à demi-voix, et soutenues par la musique gémissante d’un accordéon. Près d’une ferme abandonnée, sur un piano que n’avaient pu emporter les anciens maîtres de cette maison, et qui, dans l’herbe poussiéreuse, plus que ces murs dynamités et la locomotive abattue, exprimait la désolation de la guerre, un Lieutenant jouait la musique d’une ballade d’Écosse :


Écosse, verte Écosse, nous nous souvenons de toi.

Une mélancolie sans tristesse, une impression de liberté, de fraîcheur et de repos, planait sur cette poignée d’hommes perdus dans cette éternité. Les gens penchés dans les cafés d’Europe sur les journaux illustrés, pouvaient-ils imaginer la douceur de cette