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SOUS LE CIEL DES ANTILLES


VII

LE VIEIL ESCLAVE


Je fus pris sur les bords houleux du Sénégal
Où la brousse a bercé ma lumineuse enfance.
Parmi cent négrillons, aux yeux pleins de souffrance,
Je me vis emporté loin du pays natal.

Quand émergea des flots, sous l’azur tropical,
La verte Martinique où règne l’opulence,
Je sentis dans mon cœur renaître l’espérance,
Mon vieux maître ne fut ni cruel ni brutal.

J’ai planté le maïs, les caféiers, les cannes
Et mené les troupeaux vers la paix des savanes ;
Le soir, je chante au pied des filaos plaintifs.

J’ai couvert d’une peau de bouc une barrique ;
Et mon tam-tam rappelle à nos frères captifs,
Les nuits, les grandes nuits ardentes de l’Afrique !