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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
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II

LE CARAÏBE


Je sais l’art de lancer les flèches meurtrières
Et mon père a vaincu les Arowacks jadis.
Des Îles je connais tous les verts paradis.
De mes longs sifflements, je charme les vipères.

Teint de rocou, bercé par les lames légères,
Pendant tout ce long jour de feu je m’étendis
Dans mon hamac hanté des moustiques maudits,
Mais voici le grand soir et l’heure des prières.

« Ô lune, permettez qu’encor je sois vainqueur,
Que je boucane enfin et les os et le cœur
Du Caraïbe noir, mon ennemi terrible.

Un soir je monterai vers le site enchanté
Et pour moi, beau guerrier d’une race invincible,
Tout sera rêve, amour, lumière et volupté. »