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IMAGES CONSOLANTES


LA MAISON DES ANTILLES


Tout près d’un flamboyant que j’ai planté moi-même
Et qui n’a fleuri que trois fois,
Ma maison, d’où j’admire un horizon que j’aime,
De son toit élevé domine d’autres toits.

Les flûtes de la grive, des gros-becs du morne
De ma chambre je les entends,
Lorsque l’angélus tinte et que l’orient s’orne
Du brouillard vaporeux et rose du beau temps.

De ma fenêtre on voit planer les hirondelles,
La frégate et les goélands ;
Suivant que c’est avril aux aurores trop belles,
Ou septembre orageux propice aux coups de vents.

Les femmes du pays, droites sous leurs corbeilles,
Passent, parlant leur doux patois ;
Et tout le jour vibre le vol de mes abeilles
Qui vont chercher le miel dans la touffeur des bois.