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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
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V

L’AJOUPA


Je voudrais loin d’ici, cher compagnon fidèle,
Dormir près des pitons, sous un ajoupa frais,
Dans la mélancolie immense des forêts,
Par le mois de parfums où la lune est si belle.

Pendant toute la nuit vibreraient la crécelle
Des cabris-bois[1] et les violons des criquets.
J’aime le tintement triste des massoquets[2]
Et le roucoulement sourd de la tourterelle.

Viens avec moi. Je sais les détours des sentiers
Où le manicou[3] grimpe aux arbres forestiers.
Nous verrons le grand bois où sont les Diablesses.

Tu sais l’art d’attacher aux poutres le hamac ;
Et pour mieux éloigner tête-chiens et couresses[4],
J’allumerai de grands feux d’herbe au bord du lac.

  1. Criquets de la forêt tropicale.
  2. Criquets de la forêt tropicale.
  3. Sarigue antillaise.
  4. Tête-chiens et couresses : couleuvres inoffensives.