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table passion il avait. Je demande si aucun des muguets d’aujourd’hui en ferait moitié autant en face du danger.

Vers cette époque, je dois commencer par le dire, le Royaume-Uni était en grande fermentation, sous la menace généralement accréditée d’une invasion française. Le prétendant, disait-on, était en grande faveur à Versailles ; on songeait surtout à une descente en Irlande, et les grands seigneurs et autres gens de condition, dans ce pays-là et dans toutes les autres parties du royaume, témoignaient de leur loyauté en levant des régiments de cavalerie et d’infanterie, pour résister aux envahisseurs. Brady’s Town envoya une compagnie se joindre au régiment de Kilwangan, dont master Mick était le capitaine ; et nous eûmes une lettre de master Ulick qui était au collège de la Trinité, disant que l’Université avait aussi formé un régiment, dans lequel il avait l’honneur d’être caporal. Combien je les enviais tous deux ! surtout cet odieux Mick, quand je le vis en uniforme rouge galonné, avec un ruban à son chapeau, marcher à la tête de ses hommes ! Lui, ce pauvre hère sans énergie, il était capitaine, et moi rien, moi qui me sentais autant de courage que le duc de Cumberland lui-même, et qui sentais aussi qu’un habit rouge m’irait si bien ! Ma mère disait que j’étais trop jeune pour faire partie du nouveau régiment ; mais le fait est que c’était elle qui était trop pauvre, car la dépense d’un uniforme aurait englouti une demi-année de notre revenu, et elle voulait que si son enfant se montrait, ce fût sur un pied digne de sa naissance, qu’il montât les plus beaux chevaux de course, fût des mieux vêtus, et fréquentât la compagnie la plus distinguée.

Or donc, tout le pays était tenu en éveil par la crainte de la guerre, les trois royaumes retentissant de musique militaire, et chaque homme de mérite rendant ses devoirs à la cour de Bellone, tandis que moi, hélas ! j’étais obligé de rester à la maison, dans ma veste de futaine, et de soupirer pour la gloire en secret. M. Mick venait à tout instant de son régiment, et amenait quantité de ses camarades. Leur costume et leurs airs fanfarons me remplissaient de douleur, et les invariables attentions de miss Nora pour eux me rendaient à moitié fou. Personne, néanmoins, ne mettait cette tristesse sur le compte de la jeune personne, mais plutôt sur celui de mon désappointement de ne pouvoir embrasser la profession militaire.

Un des officiers de la milice donna un grand bal à Kilwangan auquel, cela va sans dire, furent invitées toutes les dames de Castle Brady (et il y en avait une assez laide charretée). Je savais à quelles tortures cette odieuse petite coquette de Nora me