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On était au commencement de la saison d’hiver ; le jeune soldat fut pressé par le Barry de ne pas quitter sa maison de Barryogue, et il y resta plusieurs mois, ses hommes étant logés avec les gallowglasses de Barry, homme pour homme, dans les chaumières aux alentours. Ils se conduisirent, comme c’est leur coutume, avec la plus intolérable insolence envers les Irlandais ; à tel point qu’il s’ensuivait continuellement des combats et des meurtres, et que les habitants jurèrent de les exterminer.

Le fils du Barry (duquel je descends) était aussi hostile aux Anglais qu’aucun homme de son domaine ; et comme ils ne voulurent pas s’en aller quand on le leur enjoignit, lui et ses amis se consultèrent ensemble et arrêtèrent de détruire ces Anglais jusqu’au dernier.

Mais ils avaient mis une femme du complot, et c’était la fille du Barry. Elle était amoureuse de l’Anglais Lyndon, et lui révéla tout le secret ; et ces lâches d’Anglais prévinrent leur juste massacre, en tombant sur les Irlandais et en tuant Phaudrig Barry, mon ancêtre, et plusieurs centaines de ses hommes. La croix de Barry-Cross, près de Carrignadihioul, est le lieu où se passa cette odieuse boucherie.

Lyndon épousa la fille de Roderick Barry, et revendiqua le bien qu’il laissait ; et quoique les descendants de Phaudrig fussent vivants, comme vraiment ils le sont en ma personne[1], sur leurs réclamations auprès des tribunaux d’Angleterre, le domaine fut adjugé à l’Anglais, comme ç’a toujours été le cas, lorsqu’il s’est agi d’Anglais et d’Irlandais.

Ainsi, sans la faiblesse d’une femme, j’aurais eu de naissance ces mêmes biens que j’ai dus plus tard à mon mérite, comme vous le saurez. Mais continuons l’histoire de ma famille.

Mon père était bien connu dans les meilleurs cercles, tant de ce royaume-ci que de celui d’Irlande, sous le nom de Roaring (braillard) Harry Barry. Comme beaucoup d’autres jeunes fils de familles distinguées, la robe devait être sa carrière, ayant été mis chez un célèbre procureur de Sackville-Street, dans la ville de Dublin ; et d’après ses dispositions remarquables et son aptitude à apprendre, il n’y a pas de doute qu’il n’eût fait grande figure dans sa profession, si ses qualités sociables, son goût pour

  1. Comme nous n’avons pu trouver de preuves du mariage de mon ancêtre Phaudrig avec sa femme, je ne fais pas de doute que Lyndon détruisit le contrat, et assassina le prêtre et les témoins du mariage. — B. L.