voudra bien fixer. Imaginez encore un gaillard d’humeur
joyeuse et qui n’a d’autre plaisir que d’arracher les marteaux
des portes cochères, de fréquenter les cabarets et de
rosseries agents de police ; le public ne manquera pas,
avec sa bonhomie ordinaire, de trouver ces distractions de
son goût, et de déclarer qu’il est au fond le meilleur fils
du monde. Imaginez encore, si vous le voulez, un sportsman
passionné pour les jeux et les courses, qui a de la vocation
pour l’escroquerie, et qui se passe de temps à autre le
plaisir de plumer un pauvre pigeon ; le public lui pardonnera
encore, soyez-en sûr ; bien des honnêtes gens lui
feront la cour ; eh ! mon Dieu ! toute cette foule stupide ne
ferait-elle pas la cour à un voleur de profession, s’il avait
eu le soin de se précautionner à l’avance d’une place à la
Chambre des Lords ? Imaginez-vous encore que c’est un
imbécile ; d’après notre glorieuse constitution, il sera bon
de reste pour nous gouverner. Supposez enfin, si cela vous
plaît, que c’est un brave garçon à l’âme bien placée ; alors
tant mieux pour lui ! mais il pourrait aussi bien arriver
que ce fût un âne, et il n’en recueillerait pas moins de
marques de respect ; ou bien un malotru, et sa popularité
serait universelle ; ou bien un coquin, et on vous trouverait
une foule d’excuses en sa faveur. Les Snobs auront
toujours quelque prétexte pour lui brûler l’encens. Les
Snobs mâles lui rendront tous les honneurs qu’ils doivent
à son rang, et les Snobs femelles auront pour lui de doux
regards, si laid que la nature l’ait bâti.
CHAPITRE VI.
De quelques Snobs de haute volée.
Étant devenu l’objet d’une réprobation presque universelle pour avoir osé confondre les rois, les princes et notre