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sont laissés aux soins de leurs bonnes, allait se promener chaque matin à Saint-James-Park, sous la protection d’une gouvernante française et sous l’escorte d’un chasseur aux épais favoris et portant la livrée jaune des Snobky ; parfois, dans ces promenades, il lui arrivait de rencontrer le jeune lord Lollipop, fils cadet du marquis de Sillabub. Au cœur de la belle saison, j’ignore pour quelle cause, les Snobky furent forcés de quitter subitement la ville.

« Que dira ce pauvre Claude Lollipop quand il saura mon départ ? dit à sa gouvernante la sensible miss Snobky.

— Oh ! peut-être n’en saura-t-il rien, lui répondit la confidente de ses secrets.

Eh! ma chère, répliqua cette adorable petite coquette de sept ans à peine, il le verra dans les journaux ! »

Cette enfant avait déjà le sentiment de son importance ; elle savait avec quel soin les badauds de l’Angleterre, tous ceux qui affectent des airs de gens comme il faut, tous les sectateurs de la fourchette d’argent, tous les faiseurs de cancans, toutes les femmes d’épiciers, de tailleurs, de gens de loi et de marchands, tout ce qui peuple enfin les quartiers de Clapham et de Brunswick, et pour qui il n’y a pas plus de chance de frayer avec un Snobky que pour notre bien-aimé lecteur de dîner avec l’empereur de Chine ; tout ce monde, dis-je, trouve le plus vif intérêt à se tenir au courant des moindres mouvements des Snobky, et serait au désespoir de ne pas savoir quel jour ils quittent Londres ou y reviennent.

Nous croyons à propos de faire, connaître ici, dans ses moindres détails, la toilette de miss Snobky et celle de sa mère, lady Snobky, d’après les journaux de vendredi dernier.

Miss Snobky.

« Toilette de cour, composée d’une robe de velours épingle vert-pois, avec des volants d’organdi jaune ajustés en tablier et rattachés par des agrafes de choux de Bruxelles, le corsage et les manches garnis de tulle illusion capucine, le bas de la robe festonné de rose et persillé de