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porte quiconque se rendrait coupable d’un pareil outrage ; pousser à ce point le mépris de la société, c’est être Snob jusqu’à l’impénitence finale. La société a ses lois et son code à elle, ni plus ni moins que les gouvernements, et l’on doit s’y conformer, quand, d’autre part, on prétend faire son profit des règles établies pour le bien-être général.

Je ne puis souffrir la préoccupation d’eux-mêmes qu’ont certaines gens, et j’ai une aversion profonde pour les éloges qu’on décerne à sa petite personne ; et cependant je ne puis me dispenser de rapporter ici une circonstance qui jettera un jour heureux sur le point que nous traitons, et où je crois avoir fait preuve d’une prudence consommée.

Il y a quelques années de cela, j’étais à Constantinople, chargé d’une mission délicate. Entre nous, les Russes ne jouaient pas franc jeu, et notre gouvernement avait senti la nécessité d’un envoyé extraordinaire. Leckerbiss, pacha de Roumélie, alors ministre des affaires étrangères, donna un dîner diplomatique à son palais d’été de Buyuk-déré ; j’étais à la gauche du ministre, et l’agent russe, le comte de Didloff, à la droite. Didloff était un petit-maître que l’odeur d’une rose faisait tomber en pâmoison. Par trois fois, il avait tenté de me faire assassiner dans le cours des négociations ; mais, comme cela devait être, nous étions en public les meilleurs amis du monde, et nous échangions les saluts les plus tendres et les plus gracieux.

Le ministre est, ou plutôt était, car le cordon de soie a eu raison de lui, l’un des soutiens du vieux parti turc. Nous mangions avec nos doigts, et nous nous servions de tartines de pain en guise d’assiettes. La seule dérogation qu’il se permit à ses principes était en faveur de nos vins d’Europe, auxquels il s’adonnait avec une prédilection bien marquée. À table, il tenait de l’ogre. Parmi les plats, on en distinguait un de très-grande dimension qui, placé devant lui, contenait un agneau dans sa laine, farci de pruneaux, d’ail, d’assa-fœtida, de poivre long, et autres condiments de même genre ; ce qui formait le plus horrible mélange que l’on pût imaginer pour l’odorat et le goût. Le ministre mangea avec férocité, et, d’après la mode orien-