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Il est superflu de nous étendre ici sur cette espèce de Snobs qu’on rencontre partout sous ses pas et qui remueraient des montagnes pour avoir leurs petites et grandes entrées dans les salons aristocratiques du continent. Je n’en citerai qu’un, c’est Rolls, l’ancien boulanger, qui est venu établir ses pénates dans le faubourg Saint-Germain ; il n’entend recevoir que des légitimistes, et encore faut-il avoir le titre de marquis, pour le moins, si, l’on veut être admis dans ses salons. Courage, mes amis, il nous va bien de rire des prétentions de ce monsieur, nous qui nous sentons pris d’un respectueux frisson au moindre grand homme de notre nation qui vient à passer ! Mais, mon cher John Bull, vieux Snob que vous êtes, il y a, comme vous le dites fort bien, une grande différence entre un marquis français qui compte vingt quartiers et un pair d’Angleterre. Le bon sens anglais hausse les épaules de mépris à la vue de cette meute de faméliques burgraves allemands et de principicules italiens ; quant à notre aristocratie, ah ! c’est bien autre chose ! Voilà ceux qui sortent en ligne directe de la cuisse de Jupiter ! Voilà, songez-y bien, la vraie et pure noblesse, la noblesse de bon aloi ! Allons ! maître Snob, chapeau bas, à genoux et courbez la tête !



CHAPITRE XXIV.

Les Snobs des champs.


Ce n’est pas un spectacle bien réjouissant que celui de persiennes fermées, alors que la noblesse a quitté la ville pour aller dans ses terres. Quant à moi, mes promenades en étaient tout attristées, et ce sentiment pénible ne faisait qu’augmenter lorsque je me retrouvais dans les vastes solitudes de Pallmall et dans les clubs déserts, où ma présence était une contrariété pour les garçons, qui, sans moi,