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de ces ballades à la mode il y a quarante ans et dont les Loups de mer anglais, Notre Roi, la Pauvre Suzanne, Marie aux yeux bleus font en général le sujet. Elles ne sont pas très-brillantes, il est vrai, au point de vue musical, mais contiennent un appel à ces sentiments bons, naturels et simples, que le peuple comprend bien mieux que ce mélange de lagrime, sospiri e felicità de l’éternelle musique de Donizzetti dont nous jouissons aujourd’hui.

Une conversation du genre sentimental, en rapport avec le sujet, prenait place entre chaque romance. Sambo, après avoir servi le thé, le cordon bleu, et jusqu’à mistress Blenkinsop, la femme de charge, vinrent écouter sur le palier.

Parmi ces romances, il s’en trouvait une, la dernière du concert, dont voici à peu près le sens :

Sur la bruyère
Solitaire
Le vent courait en gémissant ;
Dans la chaumière
Chaude et claire,
L’âtre flambait retentissant.
Un orphelin passa le long de la chaumière,
Et sentit du foyer le souffle bienfaisant :
La bise de la nuit lui parut plus glacée,
Et plus froide la neige à ses pieds amassée !…
Il s’éloignait, le pauvre enfant,
Engourdi, défaillant…
De douces voix le saluèrent
Et tendrement le rappelèrent
Vers l’âtre hospitalier
Que la flamme colore.
Le jeune bachelier
Repartit à l’aurore,
Et l’âtre hospitalier
Quand il partit flambait encore.
Plus tristement chemine
Le pauvre voyageur…
Las ! écoutez le vent sur la colline !
Du pauvre voyageur,
Qui tristement chemine,
Prenez pitié, Seigneur !…

Ces vers revenaient sur le sentiment précédemment exprimé