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régiments français. La fusillade, dont les roulements arrivaient jusqu’à Bruxelles, portait la mort au milieu des rangs ennemis ; ceux qui tombaient étaient aussitôt remplacés par d’autres aussi résolus à faire leur devoir. Vers le soir, l’attaque des Français, si bravement conduite, si énergiquement repoussée, sembla se ralentir un peu. Ils semblaient délibérer pour savoir s’ils tourneraient leurs efforts d’un autre côté, ou s’ils réuniraient leurs forces pour un suprême assaut. À un signal donné, les colonnes de la garde impériale gravissent les hauteurs du mont Saint-Jean pour débusquer les Anglais qui, tout le jour, s’étaient maintenus dans leur position. Cette imposante colonne, déployant ses mouvants anneaux dans la plaine, commença à escalader la colline sans paraître entamée par l’artillerie anglaise qui vomissait la mort du sein de nos bataillons. Déjà elle attaquait le sommet du mamelon occupé par les Anglais, quand soudain elle se ralentit et hésita dans sa marche. Elle s’arrêta alors faisant toujours face au feu, mais enfin les Anglais repoussèrent leurs agresseurs et conservèrent le poste d’où nul ennemi n’avait pu les déloger.

Aucun bruit n’arrivait plus à Bruxelles, la lutte s’était engagée à quelques milles plus loin. D’épaisses ténèbres couvraient de leurs voiles la ville et le champ de bataille. Amélia adressait au ciel de ferventes prières pour son bien-aimé, et George, couché sur la face, gisait sans vie broyé par un boulet.


FIN DU PREMIER VOLUME.