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des princes que nous laissâmes sur le trône ; aujourd’hui cependant, coalisés entre eux, ils en veulent à l’indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions ; marchons à leur rencontre : eux et nous ne sommes plus les mêmes hommes !

« Soldats, à Iéna contre ces mêmes Prussiens, aujourd’hui si arrogants, vous étiez un contre trois, et à Montmirail un contre six !

« Que ceux d’entre vous qui ont été prisonniers des Anglais vous fassent le récit de leurs pontons et des maux affreux qu’ils y ont soufferts.

« Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la Confédération du Rhin gémissent d’être obligés de prêter leurs bras à la cause des princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable ; après avoir dévoré douze millions de Polonais, douze millions d’Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle devra dévorer les États du second ordre de l’Allemagne.

« Les insensés, un moment de prospérité les aveugle ; l’oppression et l’humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir. S’ils entrent en France, ils y trouveront leur tombeau.

« Soldats, nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir ; mais, avec de la constance, la victoire sera à nous ; les droits de l’homme et le bonheur de la patrie seront reconquis. Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr.

« Signé : Napoléon. »

Les partisans de l’empereur allaient plus loin : ils annonçaient l’extermination de ses ennemis ; parmi les Anglais et les Prussiens, tout ce qui échapperait au fer et au canon devait infailliblement être fait prisonnier et traîné à l’arrière-garde de l’armée conquérante.

Tous ces bruits répandus dans la ville étaient rapportés à M. Sedley avec une minutieuse exactitude. On avait bien soin de lui dire que le duc de Wellington, après avoir rallié son avant-garde, qui, la nuit précédente, avait été complétement écrasée, s’était mis en marche et commençait sa retraite.

« Écrasée ! allons donc, disait Jos toujours fort courageux au