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pauvre enfant. Comment allait-elle ? comment l’avait-il trouvée ? que disait-elle ? Alors son ami lui prit la main, et, le regardant en face :

« George, elle se meurt ! » dit-il sans pouvoir ajouter un mot de plus…

Dans la petite maison où la famille Sedley avait trouvé asile, il y avait une bonne grosse fille irlandaise qui était là pour tout faire. Cette fille tentait, en vain, depuis plusieurs jours, de donner aide et consolation à Amélia. Emmy était trop triste pour lui répondre ou même pour s’apercevoir de ses soins prévenants.

Quatre heures s’étaient écoulées depuis la conversation que nous venons de rapporter entre Dobbin et Osborne, lorsque cette servante entra dans la chambre où Amélia était silencieuse comme à son ordinaire et pensait à ses lettres, ses chers trésors. Cette fille, toute souriante et avec un air espiègle et joyeux, fit ses efforts pour attirer l’attention de la pauvre Emmy, sans pouvoir y parvenir.

« Miss Emmy ! dit-elle.

— Me voilà, dit Emmy sans se détourner.

— Un message, reprit la servante, c’est quelque chose… quelqu’un… Enfin, voilà une nouvelle lettre pour vous ; ne lisez donc plus les vieilles. »

Elle lui remit alors une lettre qu’Emmy prit et lut :

« Il faut absolument que je vous voie, disait la lettre, chère Emmy, cher amour, chère femme ! Ne me repoussez pas. »

Sa mère et George étaient sur le seuil de la porte, attendant qu’elle eût terminé la lecture de la lettre.