Page:Thackeray - La Foire aux vanites 1.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA
FOIRE AUX VANITÉS.



CHAPITRE PREMIER.

Chiswick Mall.


Notre siècle marchait sur ses quinze ans… Par une brillante matinée de juin, une large voiture bourgeoise se dirigeait, avec une vitesse de quatre milles à l’heure, vers la lourde grille du pensionnat de jeunes demoiselles tenu par miss Pinkerton, à Chiswick Mall. La voiture était attelée de deux chevaux bien nourris, aux harnais étincelants et conduits par un cocher non moins bien nourri, et ombragé d’un chapeau à trois cornes et d’une perruque. Sur le siége, à côté du cocher, se trouvait un domestique noir, qui déplia ses jambes recourbées au moment où la voiture s’arrêtait devant la porte de miss Pinkerton. Au bruit de la cloche qu’il agita, une douzaine au moins de jeunes têtes apparurent aux étroites croisées de ce vieux et majestueux manoir bâti en brique. Un observateur attentif eût pu même reconnaître le nez rouge et effilé de cette bonne miss Pinkerton, se dressant au-dessus d’une touffe de géraniums qui ornaient la fenêtre du salon.

« C’est la voiture de M. Sedley, ma sœur, dit miss Jemima ; c’est Sambo, le domestique noir, qui vient de sonner, et le cocher a un habit rouge tout neuf.

— Avez-vous terminé tous les préparatifs nécessaires pour