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« C’est une excellente personne, mais des plus insignifiantes, remarqua l’une de ces dames, le major en paraît terriblement épris.

— Il aurait fallu la styler dès son enfance, reprit une autre commère, mais maintenant c’est peine perdue, on ne réussira jamais à en faire quelque chose.

— Mesdames, reprit alors mistress Frédérick Bullock, c’est la veuve de mon frère, et à ce titre je réclame pour elle des égards et des ménagements ; après ce qui m’est arrivé vous ne pouvez supposer que mes paroles soient inspirées par des vues d’intérêt.

— Cette pauvre mistress Bullock, dit Rowdy à Hollyoch, le soir en se retirant, est toujours à tramer quelque intrigue ; elle voudrait bien maintenant tirer de notre maison l’argent qu’y a placé mistress Osborne, pour le faire entrer dans la sienne. Et puis, quoi de plus ridicule que la manière dont elle cajole le petit Georgy, et dont elle a soin de le mettre toujours auprès de la petite Rosa aux yeux rouges et éraillés. »

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Cette société égoïste et vénale, sous ses dehors polis et élégants, ne pouvait convenir à la douce Emmy, aussi sa joie fut-elle grande lorsqu’on lui proposa un voyage à l’étranger.



CHAPITRE XXX.

Sur les bords du Rhin.


Nous sommes maintenant à quelques semaines des événements retracés dans le précédent chapitre. Par une belle matinée d’été, après la clôture du parlement, alors que toute la haute société de Londres s’enfuit de la ville, les uns pour leurs plaisirs, les autres pour leur santé, le paquebot pour la Hollande vient de quitter sa station aux marches de la Tour, emportant avec lui une société choisie de fugitifs anglais. Le pont, la dunette et le gaillard d’arrière sont couverts d’une troupe d’enfants aux joues fleuries, de nourrices bruyantes, de dames