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ramené des pays de l’aurore un nègre aussi effrayant par sa mine que celui de Brian de Bois-Guilbert. Lui, son nègre et ses costumes reçurent à Gaunt-House un excellent accueil, comme une très-bonne acquisition dans la circonstance actuelle.

Voici d’abord la première charade : Un officier turc (on suppose que les janissaires existent encore, et que le turban, cette ancienne et majestueuse coiffure des vrais croyants n’a point été remplacée par un bonnet sans caractère), un officier turc est couché sur un divan, où il fume une narguilé. (Par égard pour les dames, on s’est contenté de mettre dans le fourreau une pastille du sérail.) Le seigneur turc bâille à se démonter la mâchoire, et donne mille autres signes non équivoques d’ennui et de paresse. Il frappe des mains, et aussitôt apparaît Mesrour, le chef des eunuques, les bras nus, des anneaux aux oreilles, un yatagan à la ceinture, enfin tout l’attirail oriental dans ce qu’il y a de plus magnifique et de plus terrible. Il s’incline avec respect et en silence devant son seigneur et maître.

Un frémissement d’effroi et de plaisir s’étend sur toute l’assemblée. Les dames se parlent bas à l’oreille. Cet esclave noir était un cadeau fait à Bedwin Sands par un pacha d’Égypte, en échange de trois douzaines de bouteilles de marasquin. Il avait eu autrefois à coudre maintes odalisques dans des sacs de cuir, pour les précipiter dans le Nil.

« Qu’on fasse entrer le marchand d’esclaves, » dit le voluptueux enfant de Mahomet.

Mesrour introduit le marchand d’esclaves. Le marchand conduit une femme voilée ; il lève le voile. Un murmure approbateur circule dans la salle : sous un brillant costume oriental, on a reconnu la charmante mistress Winkworth à la longue chevelure, aux yeux fendus en amande. Ses boucles d’ébène sont entremêlées de diamants et de pierreries ; elle porte pour bracelets et pour colliers des piastres attachées l’une à l’autre. Le musulman exprime par un affreux sourire qu’il est satisfait de la beauté de l’esclave. Celle-ci alors se jette à ses genoux, le supplie de la rendre aux montagnes qui l’ont vue naître, où l’attend son fiancé, où il pleure sans doute sa Zuleika. Vaines prières qui n’ont aucun empire sur le cœur endurci d’Hassan ; il rit en pensant au désespoir du fiancé. Zuleika se couvre la face de ses deux mains et s’affaisse sur elle-même avec toute