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cette inspection, soit à pied, soit à cheval, ils s’entretenaient de différentes choses qui les intéressaient fort tous les deux. Pitt eut soin de répéter sur tous les tons à Rawdon que ces travaux avaient nécessité de sa part de gros emprunts ; qu’un propriétaire rural en était bien souvent réduit à courir après vingt livres.

« Vous voyez, disait sir Pitt avec un air de bonhomie, les réparations qu’on vient de faire à la loge du concierge, eh bien ! il me serait aussi impossible de payer le maçon avant le mois de janvier que de prendre la lune avec les dents.

— Si vous voulez, je vous ferai cette avance, mon cher Pitt, » dit Rawdon d’un air désappointé.

Les deux frères entrèrent alors dans la loge, au-dessus de laquelle on apercevait les armes de la famille nouvellement sculptées, et où la vieille Lockise se trouvait pour la première fois à l’abri du vent et de l’eau, grâce aux réparations qu’on venait d’y faire.



CHAPITRE XIII.

Entre l’Hampshire et Londres.


Pitt Crawley ne s’était pas borné, dans ses nouveaux domaines, à boucher les trous des murs et à restaurer la loge du portier. En homme de tête et de sens, il avait cherché à rétablir la popularité de son nom, si gravement compromise, et à relever la réputation des Crawley de l’abaissement où l’avait plongée la conduite honteuse du vieux réprouvé auquel il succédait. Peu après la mort de son père, sir Pitt fut nommé député par les électeurs de son bourg, et fit tous ses efforts pour remplir dignement le mandat qui lui était confié, en souscrivant toujours pour une forte somme dans toutes les œuvres de bienfaisance du comté. Il alla rendre de fréquentes visites aux gros bonnets de la localité et n’omit aucun moyen pour prendre dans l’Hampshire et dans le royaume le rang auquel il se croyait appelé par ses prodigieuses capacités. Lady Jane,