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AUTOUR D’UN NOM


Les années et les chagrins avaient blanchi les cheveux de Madame Durand, ce qui lui importait guère, d’ailleurs. Allant peu dans le monde, depuis la mort de son mari, sa vanité s’était émoussée. Elle vivait pour son fils dont la santé délicate était l’objet constant de sa sollicitude.

Pierre avait seize ans. Ses mouvements fébriles, sa prunelle ardente, un violent désir d’apprendre dénotaient une grande activité intérieure qui, sans doute, était responsable de ce corps mince et trop long.

Cédant à ses instances, sa mère lui avait permis de faire ses humanités. Maintenant il la suppliait de le laisser reprendre l’étude du piano interrompue depuis un an, précisément à cause de sa frêle constitution.

— Si tu consens, maman, dit-il, me donneras-tu le professeur qui a enseigné à Gille en Angleterre, et qui est actuellement à Montréal ? Tu constateras, comme moi, que notre ami joue d’une manière ravissante.