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autour d’un nom

— Je ne parlais pas pour moi.

D’ailleurs à mon âge…

— Pardonnez-moi, si je vous interromps. Ce que je remarque c’est, qu’à vous mieux connaître, on subit le charme de l’étonnante jeunesse de sentiments que vous avez conservée. Certains automnes, vous l’aurez vous-même constaté, ressemblent à des printemps !

— Je vous en prie, ne vous divertissez pas à mes frais : la raillerie me blesse profondément. Quelqu’un a dit : « En France, le ridicule tue. » S’il ne donne pas la mort, dans notre pays, il fait tout de même grand mal.

— Loin de moi l’idée de plaisanter. Bien plus, j’imagine que vous pourriez aimer avec l’ardeur des cœurs qui n’ont pas semé leurs affections sur les marges des routes.

— Vous pensez qu’un être puisse se débattre pendant des années contre les épreuves ; que chaque jour puisse l’écraser de sa peine après celle de la veille, et qu’il soit capable de se relever plein de vigueur dans sa solitude pour faire à un autre le don suprême, le don de ce qu’il a de meilleur en lui ?

— Je le crois, et précisément à cause de ces épreuves et de cette solitude mêmes dont vous