Et, puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie,
Il est d’une grande âme et d’un heureux destin
D’expirer comme toi pour un amour divin !
— Je connaissais ces vers, dit M. James, lorsqu’elle eut fini, cependant il y en a dont la détresse poignante m’était échappée — probablement parce qu’Anglo-Saxon, souligna-t-il d’un sourire. — Vous me les avez fait sentir.
— N’est-on pas pris de pitié pour ce malheureux qui eut ces accents déchirants et qui s’éteignit à l’âge où l’homme entre en pleine possession de soi ? Victime de ses égarements mêmes, il mourut, en jetant ce cri de désespérance suprême : « Dormir ! Enfin, je vais dormir ! »
— Vous comprenez si bien le lyrisme de Musset, vous voyez si nettement les blessures qu’il porte en lui, que je vous croirais poète, Madame.
— Oh ! non, se récria-t-elle. Je ne puis rimer quatre lignes parfaitement. Seulement, si c’est être poète que d’avoir pleuré, souffert et aimé beaucoup, je le suis. J’ai, du poète, la misère sans en connaître le triomphe ; j’ai