Page:Théry - Autour d'un nom, 1926.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
autour d’un nom

qu’un homme a l’occasion de faire naître chaque jour.

Huguette se taisait. Évidemment, elle désirait qu’il s’en allât. À la voir si pâle dans sa robe de velours noir, il comprit tout ce que cet instant avait de pénible pour elle également.

— Je vous quitte, dit-il. Ne m’accompagnerez-vous pas jusqu’à la porte ce soir, Huguette ? En avez-vous la force ?

— J’y allais.

Au moment de partir, elle lui tendit la main qu’il serra fiévreusement.

— Adieu, dit-elle, et promettez-moi de ne plus revenir.

— Vous ne saurez jamais l’étendue du renoncement presque surhumain que vous me demandez, mais je m’effacerai puisque vous l’exigez.

Il gardait sa main dans la sienne. Tout l’amour qui peut monter du cœur aux yeux, elle le lut dans son regard. Impérieusement, sans qu’elle pût résister, il l’attira à lui, la garda un moment captive sous l’étreinte de son bras. « Laissez un infortuné, dit-il, emporter encore ce souvenir », et il mit sur sa bouche un baiser où montait tout le sang de son cœur. Puis il s’en alla dans la nuit étoilée.